Nothing lasts forever

Il y a dix ans , j’avais 20 ans.
Je me prenais pour une adulte et j’avais des avis on ne peut plus tranchés sur un certain nombre de sujets ainsi que des valeurs et principes avec lesquels il était hors de question de transiger.

Dix longues et riches années se sont écoulées, et le nombre d’expériences par lesquelles j’ai pu passer ainsi que les enseignements tirés de lectures et partages divers, ont donné lieu à un changement significatif dans ma conception globale de la vie.
Évolution des plus normales par ailleurs puisque le processus de maturité implique la déconstruction d’un certain nombre de nos certitudes au fur et à mesure que l’on grandit.

Récemment donc, j’ai entrepris de faire une synthèse de ce que ces dix dernières années m’ont apportées sur le plan mental et émotionnel. Surtout ce de quoi elles ont réussi à m’affranchir, pour une vie menée avec plus de sérénité et de paix et une meilleure santé mentale.
J’en retiens cinq en particulier qui à mon avis vous parleront aussi.

Rien ne dure

| L’importance d’apprendre à relativiser |

Si la très célèbre maxime « après la pluie, le beau temps » existe, c’est pour nous rappeler que la vie est définitivement faite de cycles.
Au fur et à mesure du temps et des rebondissements, j’ai eu le temps et les occasions d’intégrer comme il le faut l’aspect cyclique de la vie.

Celui-ci s’entend très simplement: si le bonheur succède indéniablement au malheur, la configuration inverse est toute aussi vraie.

Heureusement!

Ce post est celui avec lequel j’ai décidé de démarrer ma série d’articles  » 5 choses que j’ai apprises de ces 10 dernières années  » à propos de santé mentale pour une raison évidente.

Le départ brutal et particulièrement déchirant de mon père il y a quelques mois a significativement et sans doute irrévocablement bouleversé mon regard sur la vie de manière générale.

Je ne sais pas pour vous, mais je pensais mon père éternel, et l’éternité se résumait pour moi, au minimum, à ma propre durée de vie.

J’espère du fond du cœur que vous qui lisez en ce moment cet article n’avez pas encore eu à expérimenter cette douleur liée au départ de l’un de vos parents. Si c’est malheureusement votre cas, j’espère que vous avez (eu) la sagesse, et la sensibilité nécessaires pour tirer de cette expérience la plus grande et puissante leçon qu’elle est sensée nous enseigner :

RIEN ne dure (éternellement).

Cette épreuve, tout comme la leçon à en tirer est à double tranchant car intégrer que rien ne dure, c’est malheureusement être conscient que tout peut basculer à tout moment.

Le danger à partir de là est de se défaire, en conséquence, de toutes planifications, ne plus fonder d’espoirs particuliers en l’avenir et ne plus avoir la force de se projeter car après tout, TOUT PEUT BASCULER A TOUT MOMENT, alors à quoi bon?

Cette approche est sans conteste la plus facile, puisqu’elle est celle de l’abandon et qu’elle est celle qui ne nécessite aucun effort, dans une période où on manque totalement d’énergie, de toutes façons. C’est également la plus négative et néfaste pour la santé mentale.

Disons que c’est un efficace raccourci vers une dépression certaine, sans aucune visibilité sur l’avenir.

Or le manque de témérité et de foi qui en découlent, ne sont pas très bénéfiques et profitables sur la durée, surtout quand on essaie tant bien que mal de continuer d’avancer et qu’on aspire malgré tout à une existence heureuse ne serait ce que par respect pour l’être aimé désormais disparu.

Prenez mon cas: je suis une rêveuse et je suis entrepreneure. Autant dire que cet état d’esprit n’est pas tout à fait en adéquation avec mes ambitions éventuelles ni même ma seule volonté d’avoir des ambitions. En ce qui me concerne donc, je me suis retrouvée contrainte d’envisager d’autres perspectives.

Il faut savoir faire des choix, comme dans toute situation finalement, et un peu de sagesse, de sensibilité et de recul sont nécessaires pour finalement tirer le positif des pires drames.

Ce qui a changé

Carpe Diem (quam minimum credula postero):

Cette citation était en fait ma citation préférée quand j’avais 21 ans- au sortir de plusieurs mois d’une crise socio-politique traumatisante et sanglante, vivre sans se soucier du lendemain était un impératif.

Elle l’est de nouveau et plus encore aujourd’hui.

Un rapport nouveau quant à la prise de risques:

Je suis une peureuse, et d’avoir vu de mes yeux que « Nul ne sait le jour ni l’heure » m’a permis de réaliser que le temps passe définitivement et que tous ces trains ne nous attendrons pas.

A l’issue de longues années de formation et d’apprentissage, j’ai enfin intégré que les obstacles, les challenges, la douleur et les pertes/deuils, font partie du jeu – le jeu de la vie. Et je n’ai plus peur de jouer.

Après tout, qu’est ce qu’il y a à perdre tant que l’on reste en vie ?

Gratitude over everything


Je dois avouer que certaines situations abracadabrantes et autres tuiles anecdotiques m’ont souvent poussée à questionner mon rapport à la chance.

– Ceux qui savent, savent – Cf ma carrière légendaire de voltigeuse et mes prouesses en chutes et vols planés.

Il est également certain que certains événements se sont présentées sur mon chemin uniquement pour tester ma bravoure.
Heureusement – et avec du recul- j’ai réalisé que la majorité de ces événements n’était qu’expériences et challenges. De ceux-ci, j’ai su tirer des leçons enrichissantes à chaque fois.

Et puis une bonne grosse dose de honte nous force à une certaine humilitél’humilité étant une vertu.
Pour le reste, je me contente d’apprécier le sens de l’humour de Dieu au quotidien.

Soulcare is the new selfcare

Toutes choses concourent au bien de ma santé mentale ou sont purement et simplement supprimées de mon quotidien.

Et dans l’autre sens ?

… » Y a comme un hic… tout ce bonheur qu’est ce que ça cache, enfin… c’est pas logique »

Oui, l’autre sens, celui du beau temps, qui nous fait oublier les orages latents.

Je parle de ces périodes dans lesquelles tout roule, tout coule de source, ces moments de paix et de sérénité que je n’ai jamais pris la peine d’apprécier toutes ces dernières années.

J’avais six ans, quand j’ai décidé que les promesses auxquelles je crois ou les événements pour lesquels je me réjouis d’avance ne se passent pour ainsi dire pas comme prévus, alors il valait mieux me convaincre que ça n’arriverait pas, pour ne pas être déçue. Oui, je suis d’accord avec vous, ce n’est pas une vie.

Je n’ai d’ailleurs pas mérité de vivre durant toutes ces années, cette vie dans laquelle d’immenses déceptions m’ont conditionnée à attendre patiemment, la peur au ventre, l’instant où les rares moments de bonheur , vireraient au drame. Ce n’est pas une vie. Et c’est un désastre pour la santé mentale.

Ca fait partie du jeu.

Alors aujourd’hui j’essaie de me dire que ça aussi, ça fait partie du jeu et que le cycle est en réalité la règle unique de ce jeu.

Rien ne dure , donc tout peut basculer. Mais ça ne durera pas non plus, parce que tout finit par passer.

Je suis maintenant bien consciente de ce qu’il faut savoir profiter de l’instant présent et apprécier nos moments de bonheur à leur juste valeur puisque des événements tapis en angle mort surgiront toujours pour entacher nos bonheurs immaculés jusqu’à complètement nous déstabiliser.

Et si rien ne dure, la bonne nouvelle est finalement que les chagrins qui paraissent nous anéantir ne sont point insurmontables, les nœuds auxquels nous sommes confrontés viennent toujours avec leur lot de solutions et les difficultés d’aujourd’hui sont assurément les expériences sur lesquelles seront basés nos storytelling de demain.

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